obligé de rendre raison de celui qui est la raison de tous les autres.
(f) Mais alors, pour avoir voulu aller trop loin, il retombe dans ce qui le touche de trop près, dans les causes finales. Voici en substance ce qu’on peut dire contre l’hypothèse des causes finales. Une cause finale c’est un effet commode pour celui qui prononce ces deux mots, ou pour ceux qui l’ont endoctriné. Lorsqu’au bout d’une chaîne de phénomènes, se rencontre quelque propriété utile à l’espèce humaine ; si l’homme se trouve là pour profiter de cette propriété, il s’imagine que cette propriété se trouve là pour qu’il en profite. Et l’effet qui, par hazard, lui est commode lui paroît avoir pour but sa commodité. Trop occupé de lui-même, il croit, il veut que tout s’en occupe. Tel voudroit que l’univers entier eût été fait exprès pour lui, et a force de désirer que cela soit, finit par croire que cela est. Nul d’entre nous n’a le cœur assez grand, ni l’esprit assez élevé, pour comprendre une fois combien peu de place il occupe dans l’univers et combien peu son imperceptible existence y est importante. Il n’est guère probable que l’univers ait été organisé pour le service de l’homme, puisque tant d’autres êtres y trouvent aussi leur part, souvent meilleure que la sienne : mais l’homme amoureux de lui-même, oublie toujours que, s’il y a