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différente du feu et leur retour à l’état de corps dense[1]. Or, dans toutes ces opinions-là, on voit une certaine teinte de

    que toute la matière de l’univers ne soit réduite à une poussière incohérente, à un véritable chaos ; ce qui seroit tôt ou tard l’effet de la force répulsive, si elle agissoit seule, ou devenoit trop supérieure : ou que toute cette matière ne formât plus qu’un seul bloc immobile ; ce qui seroit à la longue l’effet de la force attractive si elle agissoit seule ou devenoit trop prédominante. Cette vérité a été tellement sentie par Newton que sur la fin de sa vie, il fut obligé de supposer aussi des forces répulsives, entr’autres dans les conjectures qui se trouvent à la fin de son optique.

  1. Héraclite pensoit que la matière qui forme, pour ainsi dire, le fonds de l’univers, est indifférente à telle ou telle forme, et susceptible de toutes ; que, selon qu’elle est plus rare ou plus dense, elle devient feu, air, eau terre et reprend ensuite les formes qu’elle a quittées : il lui donne le nom de feu. Cependant s’il est vrai que la matière prenne successivement ces différentes formes, il n’y a aucune raison pour lui donner plutôt le nom d’une de ces formes, que celui d’une autre ; et il eût mieux fait de lui laisser celui de matière qui remplissait mieux son objet.