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De l'apparente unanimité des différentes classes de scholastiques, en faveur de la philosophie d’Aristote ; genre d’accord qui est moins une véritable unanimité, qu’un assujettissement commun et une coalition d’esclaves.

Les causes des différentes espèces d’erreurs sont :

Le petit nombre de siècles consacrés à la culture des sciences dans l’espace de 2500 ans ;

Et dans ces deux ou trois siècles, le petit nombre d’individus qui se sont spécialement appliqués à la philosophie naturelle, c’est-à-dire, à la science qui a pour base l’observation, l’expérience et le raisonnement ;

Le rôle secondaire que lui ont fait jouer ceux qui s’y sont appliqués, qui l’ont traitée comme la servante des autres sciences dont elle devroit être la maîtresse, et ne lui ont donné que la moindre partie de leur loisir ;

Le but des sciences mal déterminé ; l’ambition, l’avarice, la jalousie et l’esprit de parti ayant presque toujours présidé à leur culture ;

Les fausses routes qu’on a suivies pour aller à ce but ; ces prétendues sciences n’étant qu’un monstrueux produit des traditions mensongères, de la fluctuation et de la vicissitude des opinions, occasionnée par les méthodes sophistiques d’argumentation ; enfin, du hasard, du tâtonnement et d’une aveugle expérience ;