Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

contraire, nous disons qu’à l’aide d’une méthode sûre et fixe ; savoir : de la méthode inductive, graduelle et d’abord négative, on peut la saisir. Au lieu de déroger, comme eux, à l’autorité des sens, et de déprimer l’entendement humain, nous procurons des directions et des secours à ces deux facultés. Ce doute, dont ils faisoient un dogme fixe et perpétuel, n’est pour nous qu’une règle provisoire, qu’une précaution. Et suivant une marche diamétralement opposée à celle des péripatéticiens, qui, ayant commencé par l’affirmative tranchante et dogmatique, étoient forcés de finir par le doute, nous commençons par le doute, afin d’assurer tous nos pas, et nous finissons par la certitude. Ce que les académiciens et les sceptiques jugeoient impossible, nous ne le jugeons que difficile ; et nous pensons que la vérité, comme tout autre bien, ne peut être acquise que par le travail.

Commençons donc par écarter les mauvais matériaux, et par nettoyer la place ou nous voulons bâtir. On peut distinguer deux principales classes d’erreurs ; savoir : les erreurs fondamentales ou radicales, et les erreurs de détail, ou accidentelles.

La première classe peut encore se diviser en quatre genres ; savoir : préjugés de l’espèce, préjugés de l’individu, préjugés de commerce ou de société, dont la principale source est l’imperfec-