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de circonspection. Elle ne s’élève que fort lentement aux principes généraux. Elle passe par degrés, des principes du dernier ordre aux principes moyens ; et de ceux-ci aux principes les plus élevés. Elle assure les principes de chaque plan par des exclusions et des réjections convenables. Elle n’arrête chaque principe qu’après l’avoir soigneusement vérifié et suffisamment limité. Après mille précautions, elle arrive enfin aux principes généralissimes ; et les développant par la méthode synthétique, elle en déduit une infinité de nouveaux faits (compris entre les limites qu’elle a marquées ; faits qui, n’ayant pas été nécessaires pour former ou vérifier ces principes, n’avoient pas été considérés*2) ; car un petit nombre de faits bien choisis suffit pour former, établir solidement ou vérifier un principe, et tient lieu d’une multitude d’autres faits pris au hasard.

Mais la base de la philosophie reçue étant mauvaise, au lieu d’enter le neuf sur le vieux, en prenant dos préjugés pour principes, et en entassant erreurs sur erreurs comme on le fait ordi-

*2 Nous engageons nos lecteurs à fixer leur attention sur cette proposition qu’ils trouveront répétée dans plusieurs notes, et développée dans le supplément. C’est la clef du Novum Organum. Sans cette addition, l’auteur paroit souvent en contradiction avec lui-même et son ouvrage devient presque inutile.