Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/15

Cette page n’a pas encore été corrigée

mage, sont presque tous mauvais ; et la logique reçue sert plutôt à fixer les erreurs qu’à découvrir la vérité.

Car le syllogisme, qui est son principal instrument, n’étant essentiellement que la position d’un principe et son application, il ne peut aider à découvrir ou à vérifier les principes dont il suppose la découverte ou la vérification déjà faite.

Il peut être de quelque usage dans la dispute, en y mettant un peu d’ordre ; mais il ne peut servir à inventer une science active, ni à étendre la pratique.

Lorsque le fond est mauvais, la forme est inutile et même nuisible *. Or, le fond de la science actuelle qui sert de base à cette sorte de raisonnement, n’est qu’un assemblage indigeste d’observations et d’expériences, sans but et sans méthode, de faits mal choisis, aussi mal constatés, encore plus mal présentés, d’opinions fausses ou hasardées, d’ineptes adages, enfin, d’éternelles

* Parce qu’elle fait illusion. Comme la méthode est plus souvent unie à la vérité qu’à l’erreur, la même justesse d’esprit qui met en état de voir les choses telles qu’elles sont, rendant également capable de les bien placer, on s’imagine aisément que la vérité est inséparable de la méthode, comme si ce qui a lieu le plus souvent, avoit toujours lieu, et par-tout où l’on voit la méthode, on croît voir la vérité. Une sottise en forme fait fortune ; et une vérité, sans cette forme, est mise au rebut.