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et incertaines[1], au lieu que l’axiome qu’on a déduit des faits particuliers, conduit, par une route sûre, bien connue et toujours la même, à de nouveaux faits particuliers qui correspondent visiblement aux premiers. Le second avertissement est que les hommes

  1. En dénombrant les inconvéniens du raisonnement substitué sans nécessité à l’expérience, j’en trouve huit : voici les cinq principaux. 1°. Lorsqu’on fait, sur quelque partie d’un sujet, un raisonnement très composé, on n’est jamais certain de n’y avoir pas laissé entrer quelque proposition fausse ou douteuse. 2°. Lorsqu’on analyse un sujet un peu composé, pour raisonner sur ses parties, on n’est jamais assuré d’avoir fait entrer dans cette analyse, toutes les considérations nécessaires et l’expérience seule peut certifier qu’elle est complète. 3°. Toute la certitude qui peut résulter du raisonnement le plus exact, n’équivaut jamais à ce sentiment d’assurance et de sécurité que donne la pratique. 4°. Comme le raisonnement n’ébranle pas l’imagination, non-seulement il ne donne pas l’activité nécessaire pour réaliser par l’exécution les vérités auxquelles il conduit, mais il l’ôte ; trop souvent il indique d’excellentes rè-