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couvertes assez grandes, et nous frayer à la réputation un chemin plus doux et plus facile. Mais, ne pouvant prévoir en quel temps un dessein tel que le nôtre se présenteroit à l’esprit de quelque autre mortel, nous avons cru devoir remplir par nous-mêmes les engagemens que nous avions pris et annoncés. Après avoir débarrassé, et, pour ainsi dire, aplani l’aire de l’entendement humain, il faut ensuite le tourner d’une manière convenable, et le placer, pour ainsi dire, dans un aspect favorable à l’égard de ce que nous devons lui proposer. Lorsqu’il s’agit d’introduire quelque nouvelle opinion, la prévention contraire ne tire pas seulement sa force du préjugé invétéré en faveur de l’ancienne opinion, mais encore de l’idée fausse et anticipée qu’on se fait de la nouvelle. Il faut donc prévenir aussi cet inconvénient ; et ce n’est pas assez de dégager l’esprit de ses liens, il faut de plus le préparer ; préparation qui consiste à donner, de ce que nous avons en vue, quelques notions seule-