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La louange est ce genre d’honneur auxquels on parvient en vertu de libres suffrages.

Quant aux honneurs, ce sont les gouvernemens divers qui ont le pouvoir de les conférer ; mais les éloges sont partout[1] un présent de la liberté.

La voix du peuple a je ne sais quoi de divin ; autrement comment tant de têtes pourroient-elles être précisément du même avis[2] ?

Si le vulgaire parle avec plus de sincérité que les personnages plus éminens n’en soyez pas étonné ; c’est qu’il risque moins à dire ce qu’il pense.

  1. Par-tout où la crainte ne les dicte jamais, c’est-à-dire nulle part.
  2. En fait de mœurs, la voix du peuple est la voix de Dieu. Sur ce point, il est juge compétent, et de plus, juge incorruptible. Mais, en fait de génie, la voix du peuple n’est que du bruit ; car les yeux et les esprits ne pouvant se mettre, pour ainsi dire, bout & bout, une seule vue longue découvre plus loin que cent vues courtes ; et comme il ne s’agit point ici d’un combat à coup de poings, le nombre n’y fait rien.