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une plaine, il arrive quelquefois le contraire de ce que nous disions ; car, quoique cette route, faute d’objets qui la divisent, paroisse plus courte qu’elle n’est réellement ; cependant, si, d’après cette idée, s’étant d’abord imaginé qu’on avoit moins de chemin à faire, l’on vient ensuite à découvrir son erreur, le chemin alors paroîtra beaucoup plus long qu’il n’est réellement, il semblera ne jamais finir. Ainsi, lorsque quelqu’un se fait une idée exagérée de la grandeur d’un objet, voulez-vous entretenir cette idée, gardez-vous des distributions, et amplifiez la chose en présentant le tout. Ce sophisme trompe encore, lorsque les parties de ce tout qu’on a divisé, sont fort dispersées, et de manière qu’elles ne peuvent frapper la vue toutes ensemble : aussi lorsque, dans un jardin, les fleurs sont distribuées en plusieurs plates-bandes, cette distribution les fait paroître en plus grand nombre, que si elles croissoient toutes ensemble sur une seule plate-bande ; pourvu toutefois que ces plates-ban-