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Réfutation.

Ce sophisme trompe de plus d’une manière. 1°. Lorsque, par l’effet d’une certaine prévention, une chose paroît plus grande qu’elle n’est réellement ; car alors la distribution même détruit cette fausse opinion, elle fait paroître la chose telle qu’elle est et sans exagération. Aussi voyons-nous que, lorsqu’on est malade ou souffrant, les heures paroissent plus longues si l’on est sans horloge ou sans clepsidre que si l’on avoit des instrumens pour mesurer le temps. Car si l’ennui et la douleur occasionnés par la maladie, nous font paroître le temps plus long qu’il n’est réellement, la mesure de ce temps corrige cette erreur et le fait paroître plus court[1]. C’est ainsi que, dans

  1. Voici un principe plus général et plus conforme à la pratique : le temps nous paroît court, lorsque nous désirons qu’il soit long ; et il nous paroît long, lorsque nous désirons qu’il soit court ; et cette augmentation ou cette diminution de la durée apparente est proportionnelle à l’intensité du désir qui en est la cause principale.