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au premier coup d’œil, plus court qu’un chemin de même longueur, situé dans un canton où l’on voit en même temps des arbres, des édifices et d’autres objets, qui peuvent mesurer et diviser l’espace : c’est ainsi que lorsqu’un homme qui a du comptant, a une fois séparé et mis en ordre ses coffres et ses sacs, cette distribution impose à son imagination, et il lui semble qu’il est plus riche. C’est aussi un moyen pour amplifier les choses, que de les diviser en plusieurs portions et de les traiter chacune à part. Mais ce qui remplit encore davantage l’imagination, c’est de les placer confusément et sans ordre ; car cette confusion fait naître une idée de multitude, vu que, lorsqu’on montre, on propose ces choses avec ordre, cela même a le double effet de les faire paraître plus limitées, et d’assurer qu’on n’a rien oublié. Au lieu que celles qu’on présente confusément, outre qu’alors elles paroissent en plus grand nombre, donnent de plus lieu de soupçonner qu’il reste encore bien des choses qu’on a supprimées.