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être moins estimé ; et cet autre qui sans le secours de l’éperon, fait merveilles, n’en est pas meilleur pour cela ; on peut dire seulement qu’il est plus fin. C’est ainsi que la gloire et l’honneur sert à la vertu d’aiguillon et d’éperon et quoique la vertu, sans ce mobile, en devînt peut-être un peu plus languissante, néanmoins, comme il est toujours sous sa main, sans même être appelé, rien n’empêche qu’on ne souhaite d’aimer et rechercher la vertu pour elle-même. C’est donc avec raison qu’on relève cette assertion : la preuve que dans le choix d’une chose on est déterminé par l’opinion, et non pur des motifs de vertu, c’est que, si l’on n’était pas vu, on ne la feroit pas.

Sophisme.

XI. Ce qu’on a acquis par son propre travail et sa propre vertu, est un plus grand bien ; ce qu’on doit aux bienfaits d’autrui, ou à la faveur de la fortune, est un moindre bien.