Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/463

Cette page n’a pas encore été corrigée

Aphorisme 85.

Outre le corps même du droit, il sera encore utile de jeter un coup d’œil sur les antiquités des loix auxquelles, quoique leur autorité se soit évanouie, est encore attachée une certaine vénération. Or, on doit regarder comme antiquités les écrits sur les loix et les jugemens, publiés ou non, qui, pour le temps, ont précédé le corps même des loix ; et il faut tâcher de ne les pas perdre. Ainsi, extrayez-en

    règle, qu’un principe pratique ; cependant la règle n’est pas la loi, et la base n’est pas l’édifice. Car cette règle a beau être utile et fondée sur des principes très vrais ; tant que la volonté générale, ou celle qui la représente, ne l’a pas sanctionnée, et présentée sous la forme d’un ordre, il est prudent de la suivre, dans tout ce qui ne heurte point les loix établies, mais au fond on n’y est pas obligé ; et comme l’a observé Paschal, le mérite de l’obéissance aux loix n’est pas dans l’intelligence qui en fait sentir la bonté, mais dans cette obéissance même, et dans le sentiment qui fait obéir. Il vaut mieux obéir aux mauvaises loix, que raisonner sur les bonnes.