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pareil ouvrage aura je ne sais quoi de scholastique ; il aura plutôt l’air d’une

    noît bien mais parce qu’il n’est point capable de raisonnemens très composés et très généraux, comme le sont tous ceux dont résultent les vérités politiques qui lui importent le plus, et les lois qui n’en sont que les conséquences pratiques, revêtues d’une forme impérative. Au moment où l’utilité publique appelle, pour ainsi dire, certaines loix, et où le législateur les établit, tous les raisonnemene doivent être faits, examinés, revus, et nettement exprimés dans sa tête ou dans son porte-feuille, et il n’en doit présenter que les résultats : la loi n’est point un philosophe qui argumente, mais un sage qui commande à une nation entière, laquelle veut bien se reposer sur lui de sa sûreté et de son bonheur. Lorsque le législateur s’amuse à prouver la bonté de ses loix, il excite à en douter, il invite à les éplucher, à les respecter moins, à disputer au lieu d’obéir. Ce n’est point à force de preuves qu’on parvient à se faire croire ; mais en agissant et en parlant avec dignité. Et le premier moyen, pour faire observer les loix, est d’en établir de bonnes ; le second est de les faire aimer ; le troisième, de les faire craindre, en leur faisant prendre ce ton qui inspire un commencement de terreur et où l’on sent la force qui les appuie.