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point à la faire sans une raison très grave, ou du moins très spécieuse[1]. Les Turcs ont toujours sous la main, et comme à volonté, un prétexte de guerre ; savoir : la propagation de leur loi et de leur secte ; et les Romains, quoique leurs généraux tinssent à grand honneur d’avoir pu reculer les limites de leur empire, n’ont pourtant jamais entrepris de

  1. Par exemple, par l’espérance d’y perdre peu et d’y gagner beaucoup. Ce qu’il avance ici, est démenti par toute l’histoire, où nous voyons que la plupart des guerres, même les plus justes, quant au fond, ne laissent pas d’être allumées par des motifs visiblement injustes. Ce n’est point par amour pour la justice qu’on évite la guerre, mais par amour pour sa propre conservation, et pour acquérir tout au plus la réputation de justice, à laquelle chacun aspire, afin de se prévaloir de la confiance qu’elle fait naître : et si l’amour de la justice est inné dans le cœur humain, ce n’est pas en tant que chaque individu aime à l’observer avec les autres ; mais en tant qu’il souhaite que les autres l’observent avec lui ; et s’il exige que les autres soient justes entr’eux, c’est afin qu’ils le soient aussi avec lui.