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maine se transplantoit dans un sol étranger. Or, ces deux moyens, si vous les mettez ensemble, et concevez bien ce que peut leur concours, vous direz hardiment, non que les Romains se répandirent sur l’univers entier, mais que l’univers même se répandit sur les Romains : et telle est la plus sûre méthode pour reculer les limites d’un empire. Ce qui me cause quelquefois de l’étonnement, c’est que l’empire des Espagnols puisse, avec un si petit nombre de natifs, embrasser et tenir sous le joug tant de royaumes et de provinces. Mais certainement l’Espagne, proprement dite, peut être regardée comme un assez grand tronc, vu que son territoire est beaucoup plus étendu, que celui qui étoit tombé en partage à Rome et à Sparte naissantes. Or, quoique les Espagnols n’accordent le droit de cité qu’avec assez d’épargne, ils ne laissent pas de faire quelque chose d’approchant ; vu qu’assez souvent ils reçoivent dans leurs troupes des hommes de toute nation, et que, dans leurs