Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/355

Cette page n’a pas encore été corrigée

serve César au sujet de Caton d’Utique, lorsqu’il nous dit combien il étoit laborieux, assidu, infatigable ; et le tout sans que les affaires en allassent mieux : dans tout, dit-il, il se donnait de grands mouvemens, et se passionnoit pour tout ce qu’il faisoit. C’est d’après ce préjugé que certaines gens, sitôt qu’ils jouissent de la protection de quelque grand, ou autre personnage éminent, s’imaginent avoir tout gagné et se flattent qu’il n’est plus rien qui ne doive leur réussir ; quoiqu’à dire la vérité, ce ne soient pas les grands instrumens, quels qu’ils puissent être, mais bien les plus propres pour un ouvrage, à l’aide desquels on le conduit à sa fin avec le plus de promptitude et de succès. Or, pour former cette espèce de mathématiques de l’âme, il faut d’abord savoir au juste et concevoir bien nettement ce qui, par rapport à l’établissement et à l’accroissement de notre fortune, doit être mis au premier rang, au second, et ainsi de suite. Pour moi, je mets au premier rang le soin de réformer