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fort bien les conséquences des choses, mais n’entendent rien du tout à juger de leur prix[1]. D’où il arrive qu’attachant par exemple un grand prix à l’entretien secret et familier avec les princes, ou à l’estime de la multitude, lorsqu’ils ont pu obtenir ces deux prétendus avantages, ils en sont tout éblouis, comme s’ils avoient atteint à quelque chose de fort grand. Quoique, dans le fait, de tels avantages n’aient souvent d’autre effet que de nous mettre en butte à l’envie, et de nous exposer à mille dangers ; d’autres n’estiment les choses qu’en raison des difficultés qu’ils y trouvent et de la peine qu’ils y prennent, s’imaginant que tout l’espace qu’ils ont parcouru, est autant de chemin fait vers le but. C’est’ce qu’ob-

  1. Cependant le prix réel d’une chose est une de ses conséquences, puisque ce prix dépend de ses effets sur ceux auxquels elle est destinée ; mais il veut dire que ces personnes-là, jugeant bien des premières conséquences, jugent mal des dernières, de celles qui touchent au but.