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il s’imaginoit avoir déjà gagné ce point, ayant été créé seul consul (honneur qui n’avoit jamais été conféré à qui que ce fût), il n’en avançoit pas davantage vers son but ; attendu que ceux mêmes qui étoient certainement très disposés à le seconder, ne savoient pas au juste à quoi il visoit. En sorte qu’à la fin il fut obligé de recourir à ce moyen trivial et usé, de feindre qu’il ne levait des troupes et ne prenoit les armes que pour faire tête à César ; tant il y a de lenteur, de hazard, et le plus souvent de mauvais succès attachés aux desseins ensevelis dans une dissimulation trop profonde. C’est ce que Tacite paroît aussi avoir voulu faire entendre, lorsqu’il qualifie les petites ruses

    leurs mesures violentes ils appellent la servitude. Lisez attentivement l’histoire d’Athènes, de Syracuse, de Rome, etc. vous y verrez que tout homme qui aspirait à la tyrannie, s’est toujours servi de la faction excessivement populaire pour arriver à son but parce que le peuple est plus aisé à agiter et à tromper, que ceux qui ont plus de lumières et plus à perdre.