Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/327

Cette page n’a pas encore été corrigée

rir l’habitude d’être toujours éveillé, toujours présent à tout ce qui se dit et se fait devant nous ; d’être à la chose, et en même temps attentif à tous les incidens. Car de même qu’Épictète veut que son philosophe à chaque action se dise à lui-même : voilà, quant au présent, ce que je veux ; et quant à l’avenir, je veux aussi être fidèle à mon plan ; de même le politique doit se dire : voilà ce que je veux pour le moment, et je voudrois en même temps y joindre quelque chose qui pût m’être utile par la suite[1]. Aussi ceux qui ont naturellement le défaut d’être trop à la chose, trop occupés de l’affaire qu’ils ont actuellement

  1. C’est-à-dire qu’en chaque saison, et même à chaque instant de la vie, il faut tout-à-la-fois moissonner et semer ; moissonner, parce qu’on n’est pas certain d’exister le lendemain ; semer, parce qu’il est très probable qu’on existera. Ne penser qu’à l’une de ces deux choses, c’est ce qui fait l’avare ou le prodigue, dont l’un marche à travers l’abondance à la misère ; et dont l’autre, trouve la misère au sein de l’abondance même.