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Quant à cette connoissance des hommes, qu’on peut regarder comme secondaire, et qui se tire du rapport d’autrui, il suffira de dire en peu de mots, que pour connoître leurs vices et leurs défauts, il faut s’adresser à leurs ennemis ; pour connoître leurs vertus et leurs talens, à leurs amis ; pour connoître leurs mœurs et leurs momens de facilités, à leurs domestiques ; pour connoître leurs opinions et leurs spéculations, à leurs amis les plus intimes, à ceux avec qui ils s’entretiennent le plus souvent. L’opinion populaire mérite peu d’attention. Le jugement des grands est plus hazardé ; car devant eux, les hommes marchent plus couverts. En un mot, la seule réputation fondée est celle que nous font les gens avec qui nous vivons.

Mais de toutes les manières de faire cette recherche, la voie la plus courte consiste en trois points. Le premier est de nous ménager un grand nombre d’amis, et de nous lier avec des gens qui, par des connoissances aussi variées qu’é-