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ils ne sont guère capables de s’aviser ; et c’est ce qu’exprime fort élégamment le proverbe italien, qui dit : qu’en fait d’argent, de prudence et de bonne foi, on en trouve toujours moins qu’on ne croyoit. Ainsi, quant aux personnes d’un esprit léger, qui sont sujettes à beaucoup d’inconséquences, il faut plutôt en juger par leur naturel que par leur but. Il en est de même des princes, mais par une toute autre raison ; c’est aussi par leur naturel qu’on en juge le mieux ; au lieu qu’on juge mieux des particuliers par la considération de leurs fins. Car les princes étant déjà au plus haut point d’élévation auquel puissent tendre les désirs humains, ils n’ont presque point de but fixe auquel ils puissent aspirer avec une certaine ardeur et une certaine constance ; de buts, par la situation et la distance desquels on puisse déterminer la direction et l’échelle de leurs actions : ce qui est entr’autres la principale raison qui a porté l’écriture à prononcer que les cœurs des rois sont impénétrables. Quant aux hom-