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sance des autres, sera qu’il faut tâcher, autant qu’il est possible, de se procurer cette fenêtre que demandoit Momus ; car ce dieu apercevant, dans l’édifice du cœur humain, tant d’angles et de recoins, trouvoit mauvais qu’il y manquât une fenêtre à l’aide de laquelle on pût pénétrer dans ces replis obscurs et tortueux. Or, cette fenêtre, nous l’aurons, si nous n’épargnons aucune recherche, aucun soin, pour connoître à fond les individus avec lesquels nous avons à traiter quelque affaire, et pour avoir une parfaite connoissance de leurs naturels, de leurs passions, de leurs buts, de leurs mœurs, de leurs moyens, des ressources sur lesquelles ils comptent le plus, et qui font toute leur force ; ainsi que de leurs défauts, de leurs foibles, des meilleures prises qu’ils peuvent donner, de leurs amis, de leurs factions, de leurs protecteurs, de leurs cliens ; et au contraire de leurs ennemis, de leurs envieux, de leurs compétiteurs, des momens où ils se laissent le plus aisément approcher :