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ve entre ces deux choses, être sage en général et être sage pour soi : l’une semble se mouvoir du centre à la circonférence ; et l’autre, de la circonférence au centre[1]. Car il est un certain art de donner des conseils, et ainsi qu’un art de pourvoir à ses propres affaires : deux arts qui se trouvent quelquefois réunis dans le même individu ; mais qui, le plus souvent, sont séparés. Et il est des hommes qui, pour gouverner leurs propres affaires, sont d’une prudence admirable, mais qui n’ont pas les talens nécessaires pour gouverner un état ou pour donner des conseils : semblables en cela à la fourmi, créature fort sage pour elle-même, et

  1. Cette comparaison est d’autant plus juste que dans ces sentitnens par lesquels l’homme sort pour ainsi dire de lui-même, et s’étend sur tous les êtres sensibles, le sang se porte du cœur vers les extrémités, c’est-à-dire du centre à la circonférence ; et que dans les sentimens opposés, qui ramènent l’homme à son seul intérêt, et le concentrent en lui-même, le sang se porte des extrémités vers le cœur, de la circonférence au centre.