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il est hors de doute que plus une âme a d’élévation et de dignité, plus elle embrasse d’êtres sensibles dans sa compassion. En effet, les âmes étroites et dégradées s’imaginent que ce qui regarde les animaux, n’est point du tout leur affaire ; mais celle qui est vraiment la plus noble portion de l’univers, est sensible dans le tout. Aussi voyons-nous que l’ancienne loi renfermoit un bon nombre de préceptes qui n’étoient pas purement cérémoniels mais plutôt destinés à inspirer la commisération : tel étoit celui qui défendoit de manger la chair avec le sang, et autres semblables. De plus, les sectes des Esséniens et des Pythagoriciens s’abstenoient entièrement de la chair des animaux et c’est une observance qui a lieu même aujourd’hui chez quelques habitans de l’empire du Mogol, par une superstition à laquelle rien n’a pu donner atteinte. Il y a plus : les Turcs, nation qui, par son origine et ses institutions, ne peut être que cruelle et sanguinaire, sont dans l’usage de faire l’aumône aux