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épient les terreurs du prince, et les augmentent par de fausses relations ; les autres réveillent dans son cœur les furies de l’envie, sur-tout contre les personnages les plus estimables ; d’autres lavent leurs propres souillures et les crimes dont ils se sentent coupables, en accusant les autres ; d’autres encore, ne favorisant que leurs amis, font tout pour la gloire de ceux-ci et semblent ne faire voile qu’à leur ordre, calomniant et dénigrant leurs compétiteurs ; d’autres composent, contre leurs ennemis, des espèces de pièces de théâtre, et les débitent en vrais comédiens. Cette facilité du maître a une infinité d’autres semblables inconvéniens. Tels sont du moins ses effets sur les plus méchans de ses serviteurs. Mais aussi ceux qui ont plus de mœurs et de probité, voyant qu’ils trouvent peu d’appui dans leur seule innocence, attendu que le prince ne sait pas démêler le vrai d’avec le faux, se dépouillent de cette probité si incommode ; ils sont à l’affût des vents de cour, qui les font tournoyer