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louanges, non pas malgré eux et contraints à cela par la force de la vérité ; mais en choisissant cette espèce d’éloges dont tout l’effet est d’exciter la jalousie contre nous et de nous mettre en danger. Aussi chez les Grecs régnoit je ne sais quelle superstition qui faisoit croire que, lorsqu’une personne en louoit une autre à mauvaise intention et en vue de lui nuire, il venoit une pustule au nez de celle-ci. Il trompe encore en ce que ces éloges que nous donnent quelquefois nos ennemis, sont comme autant de petites préfaces à la faveur desquelles ils nous calomnient ensuite en toute liberté et en donnant carrière à leur malignité.

D’un autre côté, ce sophisme trompe aussi, parce que certaines critiques de nos amis ne sont qu’une ruse. Car s’ils reconnoissent et publient de temps en temps les vices de leurs amis, ce n’est point du tout qu’ils y soient contraints par la force de la vérité ; c’est au contraire qu’ils le font à dessein, et en choisissant cette espèce de critiques qui ne