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lui répondit ce philosophe, que vous avez trouvé parmi les Grecs un homme qui savoit se taire. Quant à moi, en faisant cette espèce d’inventaire des sciences, j’avois oublié d’y insérer l’art de se taire. Néanmoins cet art-là ; puisque le plus souvent il nous manque, je l’enseignerai du moins par mon propre exemple ; mais comme l’ordre des choses mêmes m’a enfin conduit à parler peu après de l’art de gouverner, ayant à le faire devant un si grand prince, qui est un maître consommé dans cet art, et qui l’a, pour ainsi dire, sucé dès le berceau ; ne pouvant non plus oublier tout-à-fait le rang que j’ai occupé près de votre personne, j’ai cru devoir plutôt, en me taisant sur ce sujet qu’en le traitant devant Votre Majesté, lui prouver ce que je sais faire en ce genre. Or, Cicéron observe qu’il est dans le silence, non-seulement un certain art, mais même une sorte d’éloquence. Aussi, dans une de ses lettres à Atticus, où il lui rend compte de certains entretiens qu’il avoit eus avec un