Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

res ; savoir : ou à cause de l’ignorance de ceux qui portent de tels jugemens ; ou à cause de leur mauvaise foi ; ou à cause de leur partialité et des factions dont ils sont membres ; ou enfin à cause de leur naturel. À cause de l’ignorance : qu’importe le jugement du vulgaire, quand il s’agit de juger du bien et du mal ? Croyons-en plutôt Phocion qui, voyant que le peuple l’applaudissoit contre son ordinaire, dit à ses voisins : eh, me seroit-il par hazard échappé quelque sottise ? À cause de la mauvaise foi : car et les panégyristes et les détracteurs n’ont en vue que leur propre intérêt et ne disent rien moins que ce qu’ils pensent. Celui qui veut débiter sa marchandise, la vante tant qu’il peut. Cela ne vaut rien, rien du tout, dit l’acheteur ; mais lorsqu’il aura acheté, il ira par-tout vantant son emplette. À cause des factions car qui ne sait que la plupart des hommes élèvent jusqu’aux cieux ceux de leur parti, et dépriment autant qu’ils peuvent ceux du parti contraire. À cause