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coutume de dire, au sujet des démocraties, que le peuple étoit semblable à la mer, et les orateurs aux vents : car, de même que la mer seroit tranquille et paisible par elle-même, si les vents ne l’agitoient et n’en bouleversoient la surface ; de même aussi le peuple de lui-même seroit paisible et maniable, si des orateurs séditieux ne lui donnoient l’impulsion et ne soulevaient ses passions. C’est dans le même esprit qu’on peut assurer que l’âme humaine seroit calme et d’accord avec elle-même, si les affections, semblables aux vents, n’y excitoient des tempêtes et n’y bouleversoient tout. C’est encore ici que nous avons lieu d’être étonnés qu’Aristote, qui a écrit tant de livres sur la morale, n’y ait pas traité des affections, qui en sont le principal membre, et leur ait donné place dans sa rhétorique, où elles n’interviennent qu’à titre d’accessoires, c’est-à-dire, en tant qu’on peut, à l’aide du discours, les ex « citer et les émouvoir. Ses dissertations sur la volupté et la douleur, ne remplis-