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visionner. 1°. donc nous ne trouvons personne qui, jaloux d’imiter la prudence et la sollicitude d’Aristote en ce genre, ait continué son travail comme il l’eût fallu, ou l’ait suppléé. Ce philosophe avoit commencé à rassembler les signes les plus ordinaires ou les couleurs du bien et du mal apparent, tant absolu que comparé ; couleurs qui sont les vrais sophismes de la rhétorique, et dont la connoissance fournit les plus utiles directions dans les affaires et les entretiens particuliers. Mais le travail d’Aristote sur ces couleurs pèche en trois choses. 1°. Il n’en dénombre que fort peu, quoiqu’elles soient en grand nombre ; 2°. il n’y joint pas les réfutations ; 3°. il semble avoir ignoré en partie leur véritable usage, qui n’est pas tant de servir de preuve, que d’affecter et d’émouvoir ; vu qu’il est bien des formes d’élocution qui signifient la même chose et qui ne laissent pas d’affecter très différemment. Car ce qui est aigu, pénètre beaucoup plus avant que ce qui est obtus ; en supposant même que l’un et l’autre