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parlant du basilic, nous dit que, si le premier il regarde l’homme, il le tue ; et qu’au contraire si c’est l’homme qui le premier regarde le basilic, cet animal périt : il en est de même des ruses des rubriques, et de tous les moyens condamnables ; si on les découvre avant coup, ils perdent la faculté de nuire ; mais au contraires s’ils agissent avant qu’on les ait aperçus c’est alors seulement qu’ils sont dangereux.

Ainsi nous avons bien des grâces à rendre à Machiavel et aux écrivains de cette espèce, qui disent ouvertement, et sans détour, ce que les hommes font ordinairement, et non ce qu’ils devroient faire ; car il ne se peut qu’on réunisse en soi, suivant le langage de l’écriture, la prudence du serpent et l’innocence de la colombe, si l’on ne connoît à fond la nature du mal même, sans quoi la vertu n’aura plus de défense et de sauve-garde suffisante. Je dirai plus : un homme bon et honnête ne pourra jamais corriger et