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dre, en faveur des hommes, plus de précautions que la nature ne le veut : par exemple, lorsque, voulant remédier à la crainte de la mort, ils ne font que l’augmenter. Comme ils ne font de la vie humaine qu’une aorte de préparation à sa fin, d’apprentissage de la mort, il est force qu’un ennemi contre lequel on fait tant de préparatifs, paroisse bien terrible et bien redoutable. J’aime mieux ce poëte païen qui appelle la fin de la vie, la dernière des fonctions de la nature. C’est ainsi qu’en toutes choses les philosophes se sont efforcés de rendre l’âme humaine trop uniforme et trop harmonique, en ne faisant rien pour l’accoutumer aux mouvemens contraires et aux extrêmes[1]. Et la cause de cette mé-

  1. La plupart des systèmes philosophiques, soit anciens soit modernes, portent sur un faux principe ; savoir : que l’homme n’a en chaque genre, qu’une seule espèce de besoins, et qu’il y peut pourvoir par une seule espèce de moyens. Lu fait est qu’en chaque genre il a deux espèces op-