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et c’est ce qui s’applique tout à-la-fois aux sages et aux fous, comme le dit Salomon : l’écervelé tâche de se donner des désirs, et se mêle de tout. De plus, nous voyons que les monarques les plus puissans, qui n’avoient besoin que d’un signe pour appeler tout ce qui flatte les sens, avoient soin pourtant de se ménager de temps en temps certaines petites jouissances frivoles, et au-dessous d’eux. C’étoit ainsi que Néron se plaisoit à jouer de la guitare Commode, à faire le gladiateur ; Antonin, à conduire un char ; et que d’autres avoient d’autres goûts semblables : jouissances pourtant qu’ils préféraient à toute l’affluence des voluptés sensuelles qui étoient à leurs ordres, tant il est vrai que l’action procure des plaisirs plus vifs qu’une jouissance purement passive.

Au reste, ce qu’il faut observer avec un peu plus d’attention c’est que le bien actif individuel diffère totalement du bien de communauté ; car, quoique ce bien actif individuel enfante quelquefois des œuvres de bienfaisance, lesquelles