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condition humaine, l’on considère qu’elle est mortelle et exposée aux coups de la fortune. Car, si les voluptés humaines étoient susceptibles de certitude et de perpétuité nul doute que cet avantage n’y ajoutât beaucoup de prix, à cause de la durée et de la sécurité des jouissances qui en seroit l’effet. Mais il n’en est rien ; et comme ce qui en est, paroît revenir à ceci, nous croyons que mourir plus tard, c’est gagner beaucoup. Ne te vante pas par rapport au lendemain ; car tu ne sais pas ce qu’enfantera la journée. Il n’est nullement étonnant que nous nous portions de toutes nos forces vers ces objets qui n’ont rien à craindre des ravages du temps. Or, quelles choses peuvent avoir cet avantage, sinon nos propres œuvres, comme il est dit : leurs œuvres leur survivent. Il est une autre prééminence du bien actif, qui n’est pas de petite considération, prééminence qui est produite et appuyée par cette affection inhérente à la nature humaine, et qui en est comme la compagne insépa-