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se donnoit pour réformée, et qui prétendoit que la félicité n’étoit autre chose que la tranquillité et la sérénité d’une âme dégagée de tous soins et exempte de toute espèce de troubles ; comme s’ils eussent voulu détrôner Jupiter et ramener Saturne avec le siècle d’or ; ce temps, dis-je, où il n’y avoit ni été, ni hiver, ni printemps, ni automne ; mais où une seule température uniforme et toujours la même régnoit durant toute l’année. Enfin, cette école d'Heryllus et de Pyrrhon, dont les opinions, furent aussi-tôt rejetées, et qui prétendoient que la félicité consistait à débarrasser son âme de toute espèce de scrupules, n’établissant aucune nature fixe et constante de bien et de mal ; mais tenant les actions pour bonnes ou pour mauvaises, selon qu’elles procédoient d’un mouvement de l’âme pure et libre, ou au contraire, d’un mouvement accompagné d’aversion et de résistance : opinion qui n’a pas laissé de revivre dans l’hérésie des anabaptistes, qui mesuraient tout d’après l’instinct et