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saire que j’aille, et non que je vive. En sorte que, dans cette âme élevée, l’amour de la vie, qui est ce qu’il y a de plus fort dans l’individu, le cédoit à l’amour et à la fidélité envers la république. Mais à quoi bon nous arrêter à de pareils traita ? Dans toute l’étendue des siècles, on ne trouve point de philosophie ou de secte, point de religion, point de loi ou de discipline qui ait, autant que notre sainte religion, exalté le bien commun et ravalé le bien individuel. Par où nous voyons clairement que c’est un seul et même Dieu qui établit dans la nature ces loix auxquelles toute créature est soumise, et qui donna aux hommes la loi chrétienne. Aussi lisons-nous que quelques-uns des élus et des saints personnages souhaitoient se voir plutôt rayés eux-mêmes du livre de vie, que d’apprendre que leurs frères n’eussent pu parvenir au salut ; élevés à ce généreux désir par une sorte d’extase de charité et de soif immodérée pour le bien universel.