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Quant à cette dernière partie, qui a donné lieu à ces disputes sans fin et à ces éternelles spéculations sur le suprême degré du bien, qu’ils qualifioient de félicité, de béatitude, de souverain bien, et qui tenoient lieu de théologie aux païens, le christianisme les a enfin terminées et nous en a débarrassés. Car de même qu’Aristote dit qu’à la vérité les jeunes-gens peuvent être heureux, mais seulement par l’espérance ; de même aussi, éclairés par la foi, et devant tous nous considérer comme autant d’adolescens et de mineurs, nous ne devons aspirer qu’à ce seul genre de félicité qui consiste dans l’espérance.

Nous voilà donc, sous d’heureux auspices, débarrassés de cette doctrine qui étoit comme le ciel des païens ; en quoi certainement ils attribuoient à la nature humaine une élévation à laquelle elle ne peut atteindre. Car voyez sur quel ton tout-à-fait tragique, Sénèque nous dit : quoi de plus grand, que de voir un être aussi fragile que l’homme, atteindre à la