Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/11

Cette page n’a pas encore été corrigée

sommes, ou menés par les supercheries et les artifices des argumens, ou sollicités et inquiétés par la fréquence des impressions, et par ces idées qui passent et repassent dans notre esprit ; ou enfin ébranlés et entraînés par le choc des passions. Or, la condition de la nature humaine n’est pas si malheureuse que ces arts et ces facultés qui ont tant de pouvoir pour troubler la raison, n’en aient point pour la fortifier et l’affermir. Disons au contraire que c’est pour produire cet effet même qu’elles en ont le plus ; car la fin de la dialectique étant d’enseigner la forme des argumens pour secourir l’entendement, et non pour lui dresser des embûches, la fin de la morale est aussi de régler les passions de manière qu’elles militent pour la raison au lieu de l’attaquer. Enfin, le but de la rhétorique est de remplir l’imagination d’objets et d’images qui prêtent secours la raison, et non de fantômes qui l’oppriment. Car l’abus de l’art n’y intervient qu’indirectement, et en tant