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Cependant pour fendre un peu la motte, et remuer un peu la terre autour des racines de cet art, suivant notre coutume, disons que la rhétorique est au service de l’imagination, comme la dialectique est au service de l’entendement ; et si l’on pénètre un peu profondément dans ce sujet, l’on trouve que l’office et l’emploi de la rhétorique n’est autre que d’appliquer et de faire agréer à l’imagination les suggestions de la raison afin d’exciter l’appétit et la volonté. Car le gouvernement de la raison peut être attaqué et troublé de trois manières ; savoir : par l’enlacement des sophismes, ce qui appartient à la dialectique ; ou par les prestiges des mots, ce qui regarde la rhétorique ; ou par la violence des passions, ce qui est l’objet de la morale. Et de même que dans les affaires que l’on traite avec les autres, on peut être subjugué et mené plus loin qu’on ne veut, par la ruse, l’importunité, ou la violence ; de même aussi dans ces affaires que nous traitons avec nous-mêmes, nous