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DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

des est une sorte de route abandonnée et inaccessible. Car à la manière dont on s’y prend même aujourd’hui pour enseigner, les sciences, et les maîtres et les disciples semblent réunir leurs efforts et s’entendre pour entasser des erreurs. En effet, celui qui enseigne a grand soin de choisir une méthode dont l’effet soit qu’on ajoute foi à ce qu’il dit, et non une méthode qui le rende plus facile à examiner ; et celui qui apprend, n’est pas fâché que le maître lui donne l’exemple de ne pas s’attacher à des recherches trop rigoureuses ; et il a plus à cœur de ne point douter, que de ne point se tromper. En sorte que le maître, séduit par l’amour de la gloire, prend bien garde de déceler le foible de sa science, et que le disciple, en haine du travail, ne veut pas éprouver ses forces. Cependant la science qu’on transmet comme une toile à ourdir, doit être insinuée dans l’esprit des disciples, par la même méthode qui a guidé les premiers inventeurs. Or, cette marche-là même, on pourroit sans