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DES SCIENCES, L. VI. CH. I.

choses, qui sans le secours et l’entremise des mots, expriment ces mêmes choses, sont de deux espèces, dont la première est fondée sur l’analogie, et la seconde, purement arbitraire. Du premier genre sont les hiéroglyphes et les gestes : du dernier, sont ce que nous avons appelé les caractères réels. L’usage des

    différentes situations composer une infinité de mots écrits répondant à tous les mots prononcés et qui pourroient les représenter. Or, voilà ce que les Chinois n’ont pas fait : et un de nos enfans auroit autant de peine à apprendre notre écriture qu’ils en ont à apprendre la leur, si, au lieu de s’exercer d’abord il tracer des lettres une à une, puis à les assembler deux à deux, trois à trois, etc. pour former des syllabes ; enfin à assembler des syllabes pour former des mots entiers ; il apprenoit successivement à tracer tous les mots entiers de la langue. Dans ce dernier cas, il est vrai, en apprenant à tracer les mots, il apprendroit à tracer les lettres qui en sont les élémens ; mais il ne verroit pas ces lettres aussi distinctement ne les connoîtroit pas aussi bien, et ne les traceroit pas aussi aisément que s’il eût appris d’abord à les tracer une à une.