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DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

si quelque mot ne se présente pas d’abord, nous avons sous la main cette prénotion : que ce mot doit être de nature à s’ajuster au vers. Or, la prénotion est la première partie de la mémoire artificielle. En effet, dans la mémoire artificielle, nous avons déjà des lieux tout préparés et tout arrangés. Quant aux images, nous les composons sur-le-champ, et selon que l’exigent les circonstances. Mais toujours avec cette prénotion : que l’image doit avoir quelque analogie avec le lieu : ce qui agace la mémoire et l’arme en quelque manière, pour trouver ce que nous cherchons.

Quant à l’emblème, il rend sensibles les choses intellectuelles. Car le sensible frappe toujours plus fortement la mémoire et s’y grave plus aisément que l’intellectuel. C’est pourquoi nous voyons que la mémoire des brutes est excitée par le sensible, et nullement par l’intellectuel. Aussi retiendrez-vous plus aisément l’image d’un chasseur poursuivant un lièvre ou celle d’un pharmacien arran-