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qui est connu. Or la destination et l’office de ce genre d’invention, n’est autre, ce me semble, que d’extraire, avec une certaine dextérité de cette masse de science qu’on a ramassée, et, pour ainsi dire, serrée dans son esprit, tout ce qui peut être utile à la question, ou à l’affaire dont il s’agit ; car, lorsqu’on n’a que peu ou point de connoissances sur le sujet proposé, les lieux d’invention ne servent de rien ; an lieu que celui qui, de longue main, aura fait toutes ses provisions en ce genre, pourra, sans art, sans lieux communs, mais avec un peu moins de promptitude et de facilité qu’avec ce secours, trouver enfin et produire au dehors des argumens sur le sujet proposé[1]. En sorte que ce genre d’invention,

  1. On n’a pas besoin de la logique d’Aristote pour raisonner juste sur ce qu’on sait bien, et il n’est point de logique qui apprenne à bien raisonner sur et qu’on ne sait pas ; mais autre chose est bien raisonner, et bien exposer un raisonnement ; et un mauvais raisonnement, présenté avec adresse, a plus d’effet qu’un bon raisonnement mal exposé.