Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée
250
DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

des sens ; ce qui n’alloit pas à moins qu’à déraciner toutes les sciences. Or, quoique les sens ne nous trompent que trop souvent, ou nous laissent en défaut, ils peuvent néanmoins, à l’aide d’une certaine industrie, suffire pour les sciences ; et cela non pas tant par le moyen des instrumens (quoique cela même puisse être de quelque utilité), mais à l’aide d’expériences de telle nature, qu’à des objets trop subtils qui échappent aux sens, soient substitués des objets de même espèce, sur lesquels les sens puissent avoir prise. Mais ce qui peut se trouver de défectueux dans cette partie, ils devoient plutôt l’imputer tant aux erreurs de l’entendement, qu’à cet esprit de rébellion qui fait qu’on ne veut pas s’assujettir aux choses mêmes ; et l’attribuer aussi aux mauvaises démonstrations et à ces fausses règles d’après lesquelles on veut raisonner et tirer des conclusions des perceptions des sens. Quand nous parlons ainsi, ce n’est pas pour déprimer l’entendement, ou pour engager à abandonner l’entreprise ; mais