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s’efforça toujours de se frayer le chemin dans les esprits, par le moyen des similitudes, des types, des paraboles, des visions et des songes. De plus, l’empire de l’imagination n’est pas moins grand dans l’art de persuader, et lorsqu’il s’agit d’insinuer les opinions par la force de l’éloquence. Lorsque, par la magie du discours, les âmes sont flattées, enflammées, entraînées à droite et à gauche au gré de l’orateur, il n’obtient tous ces effets qu’en éveillant l’imagination, qui, se méconnoissant alors, ne se contente pas d’insulter à la raison ; mais lui fait même une sorte de violence, partie en l’aveuglant, partie en l’aiguillonnant. Néanmoins je ne vois aucune raison pour nous écarter de notre première division. Car, à proprement parler, l’imagination n’enfante aucuno science, vu que la poésie que, dès le commencement, nous avons attribuée à l’imagination, doit plutôt être regardée comme un jeu d’esprit, que comme une science. S’agit-il de la puissance, de l’imagination dans les cho-