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DES SCIENCES, L. IV. CH. I.

il est tant d’actions qui s’exécutent sans le moindre sentiment : pourquoi les alimens sont digérés et rejetés par les excrétions ; les humeurs et les sucs se portent, tantôt vers le haut, tantôt vers le bas ; le cœur et les artères font leurs vibrations : enfin pourquoi tous les viscères, comme autant d’ateliers vivans, exécutent toutes leurs fonctions ; et cependant tout cela, ainsi qu’une infinité d’autres choses, sans que le sentiment ait lieu et les fasse apercevoir. Mais les hommes n’ont pas eu la vue assez fine pour découvrir en quoi consiste l’action qui constitue la sensation ; quel genre de corps, quelle durée, quel redoublement d’impression est nécessaire pour que le plaisir et la douleur s’ensuivent. Enfin ils nous paroissent ne connoître en aucune manière la différence qui existe entre le sentiment et la perception, ni savoir jusqu’à quel point la perception peut avoir lieu sans le sentiment. Et ce n’est pas ici une simple dispute de mots, mais une question de la plus grande importance. Ainsi cette doc-