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froid et du chaud, est si délicate, que son tact, à cet égard, est plus fin que le tact humain qu’on regarde ordinairement comme la mesure du chaud et du froid. Ainsi, les hommes ont commis, relativement à cette doctrine, deux espèces de fautes : l’une est que le plus souvent ils l’ont négligée et laissée comme intacte, quoiqu’elle soit des plus importantes ; l’autre, que ceux qui ont tourné leurs vues de ce côté-là, ont été beaucoup trop loin, attribuant le sentiment à tous les corps sans exception : en sorte que, selon eux, ce seroit une sorte de sacrilège que d’arracher une branche d’arbre et s’exposer à l’entendre pousser des gémissemens, comme celle de Polydore. Ils auroient dû pourtant chercher la véritable différence qui est entre la perception et le sentiment ; et cela non pas seulement en comparant les êtres sensibles avec les êtres insensibles, quant à la totalité de leur corps, comme les plantes et les animaux ; mais de plus tâcher de savoir pourquoi, même dans un seul corps sensible,