Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée
213
DES SCIENCES, L. IV. CH. I.

pressions, de plus facile à affecter. De là sont nées ces opinions, devenues presque populaires ; comme celle d’un génie supérieur, celle qui fait croire que certains hommes portent malheur et sont de mauvais présage, celle des coups d’amour et d’envie, et autres semblables. À cette recherche s’en joint une autre où il s’agit de savoir comment on peut fortifier l’imagination et augmenter son intensité. Car, s’il est vrai qu’une imagination forte ait la puissance qu’on lui attribue, il seroit utile sans doute de savoir par quels moyens on peut l’exalter, et faire qu’elle se surpasse, pour ainsi dire, elle-même : ce qui fourniroit un moyen, indirect à la vérité, mais pourtant dangereux, de pallier et de défendre jusqu’à un certain point la plus grande partie de la magie cérémonielle. Ce seroit en effet un prétexte assez spécieux, que de dire que ces cérémonies, ces caractères, ces enchantemens, ces gesticulations, ces amulètes, et autres moyens semblables dont ils font usage, ne doivent point leur force à un certain